lundi 28 février 2011

Du froid, de la neige et des caribous

Ah ma vieille Europe, combien de fois tu me les as servi ces bons vieux stéréotypes... Je t'entends d'ici en rire autour d'un comptoir ou d'un café. Cela dit on aurait pu me surprendre à tenir le même discours il y a encore quelques mois alors passons.

Mais depuis mes idées changent, et pour t'en faire profiter je t'invite chez moi ! Oui, j'ai bien dit chez moi, car je m'y sens comme tel et aussi parce que tous les Québécois que j'ai rencontré m'ont souhaité la bienvenue (souhaite t on la bienvenue à tous les immigrants que l'on rencontre en France ?). Alors peut être que oui, dans l'arrière pays on me traiterait de voleur de job, mais ici c'est Montréal, la ville qui digère chaque année 88% des 36 000 immigrés annuels pour une population totale de 1,7 millions. Ça fait jamais que 2% d'augmentation chaque année !

Les premiers jours tu auras froid certes, mais tu auras lu dans ton guide touristique que bonnet, gants, pull et écharpe sont obligatoires. Ainsi équipé, tu auras l'air d'un touriste quand il fait 0, et tu te sentiras bien jusqu'à -10. Tu commenceras à sentir le froid à -15 et tu te les pèleras à -20.

Comme tu es un touriste pas comme les autres, tu iras te perdre dans la ville plutôt que de faire des expéditions chronométrées et budgétées au millimètre... Tu verras qu'il faut 300 mètres à peine pour voir la ville changer de visage : d'abords les buildings à l'améwicaine du Boulevard René Levesque, puis la rue hyper commerçante Sainte Catherine, plus au nord le Mont Royal, un espèce de Central Park qui culmine à plus de 250 mètre de hauteur. Après l'avoir abordé tu redescendras vers l'est pour atterrir en plein quartier latin avant de rentrer chez toi dans le quartier Francais nommé 'Le Plateau' ou les loyers sont réputés mirobolants ! Penses-tu, 1000 dollars un 4 pièces cuisine de 75 mètre carrés... Pour le canadien moyen qui gagne à peu près 2200 dollars mensuels net d'impôts c'est la ruine ;-) !

En rentrant, une fois au calme dans le métro, tu réaliseras que tu crèves de chaud, car ici les nombreux sous terrains sont...tropicaux... Tu en profites pour relever la tête et regarder ces gens. Ils sont souriants, ou au pire indifférents, jamais menaçants... Et oui, n’ayons pas peur de le dire, ici les waish waish n'existent pas, quel bonheur !

Pourtant toutes les couleurs sont représentées. Les jeunes Français sont vendeurs chez Levis, Mexx ou Apple. Les Arabes te proposent des aubaines à la fnac locale, les jeunes Québécois te servent dans les immenses food court... Quand aux Asiatiques ils sont pareil qu'en France, ils tiennent leur resto de nouilles avec le sourire.

Lassé de faire le touriste de base ou de t'être ruiné en achetant un Levis à 70 dollars, tu peux toujours rentrer dans un bar, on te demandera si tu veux laisser ton cv avant de te servir à boire. Le lendemain, pour te changer les idées, tu pourras toujours aller patiner sur un lac ou court d'eau gelé du centre ville, ca te permettra de fuir ces rues ou ronronnent les Ford V8 cubant 5.7 litres (ici c'est un peu la voiture du peuple que l'on remplit à raison de 1 dollar et 15 centimes le litre (merci Georges))...

Tu trouves que j'en rajoute, que je tourne les choses comme ça m'arrange, viens te faire ton propre avis. Mais par pitié arrête de me parler du froid, de la neige et des caribous ;-) !


dimanche 20 février 2011

Le jour le plus long

8H07 : le réveil sonne... Ah non en fait c est le téléphone, sachant que le téléphone fait aussi réveil, c est a ne plus rien y comprendre... Bref, je reprends mes esprits et fonce à la douche !

8H30 : Le valise est à refaire !

8H45 : ca rentre pas... Tant pis je laisserai un sac de linge sale à Célia en espérant que la fée qui sommeille en elle le transformera en une pile de linge propre.

09H00 : La Polo est chargée, direction Maison-Lafitte pour rendre la Polo et me faire transporter jusqu'à CDG en...207 RC!

09H45 - 10H20 : Un café, changement de coffre et c est parti pour l aéroport !

10H40 : Je drague une hôtesse d accueil, deux réceptionnistes d air canada et une enregistreuse de bagages.

11H40 : Une bouteille de Saint Julien Ducru beaucaillou me fait de l œil dans le duty-free... Ce sera pour ce soir !

12H00 : Discussion spontanée avec un groupe de Québécois en voyage offert par leur entreprise. Premières discussions sur l'immigration. J'apprends que malgré que les Inconnus n'aient jamais percé au Québec, il y a une théorie sur le bon et le mauvais immigrant... Fort heureusement, il semble que je sois un bon ! On m'explique ensuite que pour l'immigration au Québec il y a une petite porte mais le problème c est qu il n y a pas de murs qui encadrent la porte... J'aime bcp cet humour. Faudrait leur envoyer Brice !

13H25 : Le pilote nous explique avec un fort accent Québécois qu'il va mettre plein gaz. En revanche il ne justifie pas l absence quasi totale de PNC de sexe féminin... Quelle arnaque Air Canada. Ou bien est ce Pupuce qui a joué de ses influences pour remanier les membres de l'équipage à sa sauce.

15H00 : l'ascension est terminée, on mange un plateau repas pas dégueux et une voix nous annonce qu'il n'est pas 15H00 mais 9H00. Et le temps est passe si vite dans cet avion que j ai effectivement l'impression d'avoir gagné ces 6 heures !

15H00 enfin 9+6, enfin jm'a cemprends tsais tu tsi faut ty parler en heure Kaibaikoise ou FrrrrAncaiiiiiise...

16H00 : Douanes passées (non Pupuce n avait rien glisse dans mes valises), valises récuperées, a peine sorti de la zone internationale, je vois le 747 (c est un bus) qui m'attends pour m'emmener en centre ville. Comme tout est simple ici !

17H00 : La ville ne parait pas si grande, en revanche les rues sont très large, la moindre voiture abrite à minima un 6 cylindres, les limitations de vitesses et feux rouges semblent ne pas être dans les têtes de tous... Bref je me sens déjà chez moi. Je prends mon premier taxi, il est poli, démarre le compteur une fois que je suis assis, porte mes bagages jusqu au perron et ne m explique pas que dans son pays tout va à volo. La France me manque ?

17H15 : Je suis chez Claudette, le Saint Julien s'ouvre et tente de vaincre les effluves de poulet en sauce, de mixture de champignon oignions... On me demande si je suis plutôt patate ou purée, je réponds purée et les patates sont pressées dans la foulée. Les 4 feux sont tous pris, les jus passent d'une poêle à l'autre et je découvre même qu un roti gigote dans le four... Claudette a tenu un restaurant il y a quelques années. Ceci explique cela. Elle n aime pas faire à manger, du coup quand elle le fait c est pour la semaine. Une sorte d'opération coup de point ou plutôt de ballet...
Tout dans la maison est fait pour accueillir les jeunes qu'ils soient en stage ou PVT. Il faut rentabiliser le pied carré car la retraite est faible ici. Mais au lieu de se plaindre on se bouge le cul, Claudette, du haut de ses 67 ans en est un très bel exemple...

18H00 : Robin 48 ans, le cousin de Claudette arrive pour manger. Il enseigne en classes de 5e/6e. Il switch d une matière à l autre : cette année ce sont les maths, avant c'était l'histoire... Peu importe ici c est normal et personne ne sort manifester fin novembre, normal il fait -10, à cette température la les merguez gèlent... Ils aiment le vin, en boivent plus que moi et sortent même une deuxième bouteille 8-O ! Ca discute crédit hypothécaire, taxes et re-évaluation... Je ne comprends pas tout sinon qu'il faudra se méfier des banquiers locaux.

19H00 : Je sors fumer une clope par -12. Bizarrement mes manteau et pull sont efficaces, en revanche, le moindre cm carre de peau à l air libre est tout de suite attaqué. Le nez et les oreilles semblent être les victimes favorites de ce froid sournois.

19h15 : Je parle snowboard, Robin emmène ses élèves pour une journée de ski mercredi. Il me propose de venir en accompagnateur ! Forcement j'accepte avec enthousiasme. Dans la foulée il m'explique que les commerces sont ouverts le dimanche... trop bien, je vais pouvoir aller faire du magazinage dès demain..Enfin aujourd'hui.

20H00 : Je suis chez Robin, la chambre fait 18m carres, il y a un écran plat et pleins de rangements dans les placards... C est parfait ! Il y aurait largement la place pour une Pupuce.

09H00 : Enfin 3 heures du mat plutôt, le jetlag me réveille, je me bats avec un clavier MAC qwerty Québecois depuis une heure pour écrire cet article. il est temps de se recoucher, demain j ai une ville à découvrir...





mercredi 2 février 2011

Ressenti à J-17

Nous y sommes presque...

Je ne sais pas si cela vous arrive mais souvent dans ma vie je me suis pris à me demander "Ou seras-tu dans 10 ans ? Qui seras-tu ? Quelle sera ta vie ?"

Parfois même, cette projection est bien plus courte. La dernière fois devait être en octobre avant le premier entretien d'embauche. J'ai du me demander un soir : Vas-tu vraiment le faire ? Vas tu vraiment réussir ces entretiens ? Démissionner ? Passer 1 heure par jour sur le site "Autotrader" à envisager des voitures que tu n'aurais pas pu d'offrir avant 5 à 10 ans en étant resté en France ?

En quelques mois toutes ces choses sont devenues réelles et oui je le fais, oui, je le veux, j'irai jusqu'au bout.

Aujourd'hui tout va très vite. Je ne me projette plus, je suis dans la transition, chaque jour compte, chaque jour il faut résilier un service, anticiper sur les choses à faire à l'arrivée...

Certaines personnes me demandent comment je me sens, et cela pourrait surprendre mais non je n'ai pas l'impression de bouleversement, de rupture, de révolution... J'ai une trajectoire avec des taches à réaliser, et je ne pense qu'à cela... Enfin presque.

Oui, ma mère m'a pleuré dans les bras, oui je suis tombé amoureux d'une fille qui ne peut me suivre, oui mes grand parents ne sont plus tout jeunes, et oui à bien d'autres choses. Et tant pis si ces sentiments s'empirent jusqu’à atteindre une apogée la semaine du départ, ça fait partie du processus.

Je te l'ai dit Nathalie (ma soeur), oui c'est difficile de partir, mais difficile ne veut pas dire que je ne partirai pas...