Vous vous mentirez. Vous mentirez. Vous le saurez
mais qu’importe, il faut une volonté aveugle pour s’arracher
de sa vie actuelle : changer de continent, de langue, de culture, de repères,
bref, immigrer…
Vous aurez besoin de cette part de mensonge pour
tenir tête à tous ceux qui tenteront de vous retenir avec
leurs questions. Ne leur en tenez pas rigueur. Au pire
ils sont jaloux, au mieux, ils vous aiment. Dans les 2 cas cela n’a rien de
nouveau pour vous, car après tout, ces questions piquantes qui tentent de percer
votre bulle de migrant, vous les connaissez déjà. Seulement mécanisme de
défense oblige, vous avez déjà choisi vos réponses.
Alors oui, sur beaucoup de points vous aurez tout
de même raison… Bien sûr qu’ici la situation économique est meilleure. Bien sûr qu’en tenant compte du taux de change l’immobilier Montréalais est 40%
moins cher que le Parisien. Bien sûr aussi que les possibilités de progressions professionnelles sont bien plus accessibles et prometteuses.
Ok, mais faut-il changer de vie uniquement pour des
raisons matérielles ? Et, allons plus loin, est-ce vraiment ce pourquoi
l’on part ? On se sert de toutes ces raisons pour justifier son
départ, et l’on croit que grâce à elles on pourra tout refaire
en mieux… Rencontrer des nouveaux amis, vivre de nouvelles histoires d’amour
aussi… Mais ne vous y trompez pas, la principale personne que vous allez
rencontrer c’est vous-même.
Vos défauts ne changeront pas, les erreurs que vous avez faites, vous les produirez de nouveau. La seule chose qui
change c’est que vous n’aurez plus l’excuse du contexte pour justifier vos nouvelles
erreurs. Alors peut être que cela aura servi à cela d’immigrer,
à accepter vos défauts, à les regarder en face, ce qui est
le point de départ vers l’amélioration, la vraie. Le
problème c’est qu’entre temps, les blocs de glaces auront défilés sur le Saint Laurent
(version Québécoise de l’eau qui coule sous les ponts). Après la phase d’émerveillement, après les mois de doutes et
le violent atterrissage de la 2ème année de migrant vient le
temps de se poser LA question.
Alors, finalement, on reste pour de bon ou pas ?
A bien y réfléchir, je crois qu’il doit me rester
encore quelques défauts en stock…
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