mercredi 8 février 2012

18 février 2011 -15H26 - Aéroport Trudeau - Montréal

Mesdames et messieurs, nous venons d'atterrir à l'aéroport de Montréal, il est exactement 15H26, heure locale et la température extérieure est de -17°. Nous vous remercions d'avoir choisi notre compagnie Air Canada et tout son personnel de bord  vous souhaite un agréable séjour.

Voilà, c’est chose faite, ce message je l’ai entendu pour la première fois il y a maintenant 1 an jour pour jour. Je termine donc ma première année, celle de l’illusion, de l’émerveillement, de la découverte.

On dit que la transition se fait en 3 ans : une année de découverte et d’émerveillement, une année de retour à la réalité, souvent accompagnée de déceptions et coups de blues et enfin l’année du choix, on reste ou on rentre ?

Moi qui ai horreur de suivre le même cheminement que les autres, je suis pour l’instant en train de suivre le processus à la lettre !

Mais ce n’est pas grave car concrètement tout est réussi, enfin presque… Je suis parti car je refusais la vie qui m’était offerte à Paris et 1 an plus tard je persiste à dire que cette vie était une arnaque. Et en prime, j'ai réalisé et même dépassé 2 rêves de gosse !

Aujourd’hui qu’est ce qui a changé ?

J’avais tenté de produire quelques énumérations du type avant/après qui en auraient agacé plus d’un et puis, je me suis dis qu’au final les faits sont là, éparpillés dans le blog, inutile de se répéter. Je vais juste vous faire part de la conclusion : il est bien plus facile de choisir le chemin vertueux si ce dernier est balisé par des fleurs.

Au lieu de ces faits, je vous propose plutôt de voyager au travers d’un flash back de février 2011…

Histoire d’un matin :
Il est 11 heure, la luminosité irradie au travers du rideau et me force à accepter l’idée de me lever. Ce soleil là, je commence à l’apprivoiser. Il est pale, intense et toujours bas dans le ciel. J’ouvre le rideau et plisse les yeux pour arriver à voir l’animation paisible de la rue Brébeuf. Il n’a pas neigé depuis quelques jours. En signe de protestation, la glace au sol et sur les toits renvoit minutieusement chacun des rayons de ce soleil de Février. Le calme de l’hiver est là : à peine quelques voitures passent dans le feulement mélodieux si appréciable et propre au continent du sans plomb. Il a beau faire 22 degrés dans l’appartement de Robin, je sais déjà que ce soleil et ce ciel très clair veulent dire : -15, voire même -25 en rafale…
Le programme d’aujourd’hui est simple, aller acheter un minilaptop sur Sainte Catherine, puis se poser dans un second cup. Il faudrait aussi que je revisite ce truc bizarre qui s’appelle Jean Coutu, je crois qu’ils ont du dentifrice !
En route pour la cuisine, je croise ce chat qui refuse de se laisser caresser mais qui ne crache jamais sur une dose supplémentaire de croquettes. Dans un esprit très Brice de Nice je lui balance un « Tu sais que tu sers à rien toi ? ».
J’arrose des Muffins avec ce que je crois être du sirop d’érable (je me souviens encore la gueule de Robin quand il m’a expliqué que c’était du sirop quelconque industriel pour touriste et que le vrai sirop s’achètait en conserve…) tout en repérant le parcours du jour sur la carte.
Je prends le temps pour tout, et c’est un régal. La dernière fois que j’avais autant pris le temps de vivre, c’était au Sénégal. Sauf que là, je ne rentrerai pas. Comme au Sénégal, le temps n’a plus d’importance, mon permis de travail finira bien par arriver dans quelques semaines... En attendant, je suis en plein no man`s land ou SAS, prenez la métaphore qui vous conviendra. Je ne suis plus dans cette vie Parisienne, je ne suis pas dans cette vie Canadienne. Je n’a pas encore de job, d’amis, de compréhension des codes de cette société ni de souvenirs.
Retour sur terre, la douche est terminée. Arrive maintenant le moment le plus speed de la journée, celui ou  une fois habillé avec toutes ses couches il faut filer dans la rue se jeter dans le froid sous peine de crever de chaud dans l’appartement tropical de Robin !

Voilà, j’espère que ca vous a plu. Je voulais vous transmettre un aperçu de ces quelques semaines d'existence pendant lesquelles votre vie est nulle part. Je crois que c’est l’un des moments les plus intenses à vivre dans cette expérience d’immigration.

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